FOUCAULT

Publié le par fou-kyo

(un vieux texte, again)

LES FANS ET LES CHANSONS

D’ABORDS

 

L’événement télé de la semaine, c’était l’émission de Jean-Pierre Foucault « Les fans et les chansons d’abords ». Enfin, de la semaine dernière parce que l’événement c’était pas l’émission elle-même, on va y revenir, mais la pseudo-polémique qui l’a précédé.

 

Comme vous le savez,  Patrick Sébastien s’est répandu un peu partout ( ça lui a rappelé les 3ème mi-temps, du temps où il faisait du rugby ) en affirmant que Jean-Pierre Foucault lui avait volé son concept et même que TF1 voulait le tuer ! Des mots, toujours des mots … Sérieusement, accuser TF1 de vouloir agir pour le mieux-disant culturel, c’est un peu gros.

 

Je vous rappelle que ce concept, que  Patrick Sébastien accuse TF1 de lui avoir volé, c’est … le déguisement.

 

 

Patrick Sébastien, quand il réfléchit très très fort …

 

Oui, je sais, ça surprend comme phrase. Sur un traitement de texte d’usage courant, quand il y a « Patrick Sébastien » et « réfléchir » dans la même phrase, l’écran affiche « erreur linguistique ». Et dans le petit Robert à « antinomie », on lit : « contradiction dans les termes. Par exemple : ‘‘ La grandeur de la France passe aussi par son renouvellement culturel. Je suis confiant puisque  Patrick Sébastien y réfléchit. ’’. (A. Malraux) ».

 

Mais les dernières avancées de la science ont prouvé que parmi les étonnantes incongruités de Dame Nature, il était effectivement possible de chanter « le petit bonhomme en mousse » et d’être pourvu d’un cerveau. De la même façon que l’Homme moderne est toujours pourvu de petits doigts de pied ou de dents de sagesse, pourtant devenus inutiles, mais vestiges hérités de l’évolution, Patrick Sébastien possède un reliquat cérébral. Néanmoins, des mesures précises ont permis de constater que son volume était largement inférieur à la mise en plis blonde qui le surplombe.

Quand Patrick Sébastien veut, donc, réfléchir, il se concentre très fort et, dedans sa tête, il fait la mêlée avec ses petits neurones. Ca tombe bien, le nombre de ses neurones, c’est pile l’effectif de deux équipes de rugby. Rugby à 13, hein, pas à 15.

Sophie Davant, elle, quand elle veut réfléchir, c’est un match de ping-pong qu’elle organise, dans sa tête. Quant à Julien Lepers, il essaye de faire une réussite.

Alors bon, donc, quand  Patrick Sébastien réfléchit, il fait la mêlée dans sa tête… D’ailleurs, dans un premier temps, ça ressemble à la veille d’un match, quand l’entraîneur est obligé de courir partout en ville pour retrouver les joueurs qui sont allé se bourrer la gueule et qu’il les ramasse un par un dans un état semi-comateux. Et puis, y a des neurones qui n’ont pas servi depuis longtemps, va savoir où il les a foutus. Dans la vie courante, il a pas besoin de tous, des fois la moitié suffit largement, quand il donne des interviews, par exemple.

 

Alors, il rassemble ses 26 neurones (pour la feuille de match, c’est pratique, y a pas de remplaçants),  il fait la mêlée, il réfléchit très très fort, avec sa tête qu’on dirait qu’y va faire caca, et après un  long moment s’exclame : « J’ai une idée d’émission, on va se déguiser ! ». Voilà, voilà… Et après, ça s’étonne de ne pas avoir les faveurs des intellectuels. Pendant que  Sébastien va changer de caleçon, il y a un mec de son staff qui reprend le ballon ovale, j’veux dire le ballon rond, j’veux dire la balle au bond, qui s’enferme dans un bureau et ressort 1H après avec un rapport intitulé : « Nouveau concept télévisuel élaboré par M.  Sébastien » et il l’envoit à Patrick Lelay (à l’époque).

 Sébastien, comme c’est la première fois qu’il pense à ça, il a l’impression d’avoir inventé un truc. Et quand la semaine suivante un pote l’invite à un bal costumé, il a l’impression d’avoir lancé une mode. (Lui, il savait pas qu’il fallait venir déguisé, toute la soirée on lui a dit « oh, il est vachement bien ton déguisement d’Amanda Lear ! »).

Et à chaque fois qu’il croise quelqu’un déguisé, il dit : « oh, regarde, un mec qui applique mon concept ! » et il croit qu’il va toucher des royalties. Ce qui sous-entend que quand, gamin, je me mettais sur la tête un chapeau un crépon vert et que je faisais un arc avec un bâton et une ficelle pour faire comme Robin des Bois, je faisais, sans le savoir, du  Patrick Sébastien !

Je vais peut-être porter plainte pour diffamation, en fait…

 

 

Il faut être juste, le concept de Patrick Sébastien est un peu plus élaboré. Il s’agit de gens connus qui se déguisent en gens connus. Je dis ça parce que Jean-Pierre Foucault, au départ, il voulait pas piquer l’idée de son pote. Jean-Pierre Foucault a beaucoup de considération pour Patrick Sébastien parce que lui, il en a pas, des idées. La greffe de neurones a échoué en 1978, il y a eu rejet (massif d’ailleurs) et depuis il est obligé de reprendre des concepts anglo-saxons, comme « Qui veut gagner des millions ? », avec une oreillette qui lui lit les questions. Jean-Pierre Foucault, quand il veut réfléchir, il fait du vélo d’appartement, dans sa tête.

 

Alors, il s’était dit : « on va faire un truc différent, c’est des gens pas connus qui se déguisent en gens pas connus ». Ah ben oui, le vélo d’appartement, t’as beau pédaler de toute tes forces, pour arriver quelque part t’as plus vite fait d’attendre que le paysage défile.

Alors bon, par exemple il y avait Mme Duboin, Paris XVIIème, qui, après des heures de maquillage, de transformation, de « relookage » comme dirait Evelyne Thomas, était le sosie parfait de Mme Ledain, sa charcutière de la rue Nollet. Franc succès  auprès de M. Duboin, son mari, succès plus modère auprès du reste du public. Même quand on leur a présenté la vraie Mme Duboin, ils ont fait : « Ouais, y’a quequ’chose… », vous savez comme les gens sont blasés.

 

Bon, alors on est revenu à l’idée de départ, des gens connus qui se déguisent en gens connus. Mais on a ajouté du piment à l’histoire : il fallait deviner si c’était les vrais ou pas. Quand j’ai pris en cours de route (oui, parce qu’avant je regardais la soirée Théma consacrée à la schizophrénie sur Arte, qui une fois de plus faisait preuve du don rare de rendre chiant les sujets les plus passionnants), donc quand j’ai zappé, c’était quelqu’un déguisé en Henri Salvador. Déguisé en Henri Salvador, ça veut dire habillé en blanc, avec un panama de travers sur la tête, assis sur un tabouret de bar. Bon, là, le mec, il avait beau baisser la tête et se cacher derrière son chapeau, on voyait bien qu’il avait la gueule d’Elie Sémoun. Et quand il a commencé a chanter, on entendait bien qu’il avait la voix d’Elie Sémoun. Alors quand, à la fin de la chanson, Jean-Pierre Foucault a fait « Surprise ! C’est Elie Sémoun ! », je me suis dit : « Heureusement qu’on lui a pas enlevé les p’tites roulettes, à son vélo d’appartement. »

Après, dans ceux qu’y fallait deviner si c’étaient les vrais ou pas il y avait, j’invente rien, Luciano Pavarroti, Ray Charles, Barbara Streisand et Paul McCartney. Quel suspense ! Les McCartney et consort, tu penses,  ils ont que ça à foutre de venir jouer leur propre sosie dans l’émission de  Foucault !

 

Pour faire Pavarroti, tu mets des coussins sous la veste, une fausse barbe, de gros sourcils et des cheveux longs filandreux, c’est pas très compliqué. Par contre, pour les yeux de merlan frit sous canabis de  Patrick Fiori, ils ont rien pu faire. Pour la voix non plus, ils ont rien pu faire.

Pour faire Ray Charles, il y a une technique éprouvée : tu ouvres grand la bouche, tu remues la tête en arrière comme un débile en tapant dans les mains avec les doigts bien écartés. Pour Gilbert Montagné, c’est pareil, le cirage sur la gueule en moins.

Bon, là, pour Ray Charles, c’est Garou qui s’y collait. Moi, je l’avais reconnu Garou. C’est Ray Charles que je n’avais pas reconnu. J’ai cru que Garou imiter Michel Leeb.

Bon, le tout à l’avenant, avec une Barbara Streisand qui chantait avec un épouvantable accent français, l’inévitable Mylène  Farmer (une perruque, un porte-jarretelles, le tour est joué), je vous passe les détails.

 

Le bonus, la nouveauté de l’émission, c’est qu’on nous montrait les coulisses. Ce qui, en passant, nous permettait de voir que Pascal Obispo, même aux répétitions, il s’habille en noir avec un bonnet sur la tête, preuve que ce n’est pas du tout un look snobinard, faussement décontracté, qu’il se donne ou alors il savait qu’on allait filmer les répétitions, mais j’crois pas.

Donc, on voyait une vedette arriver, ou alors on voyait Elie Sémoun arriver, et on voyait comment, en quelques heures, à force de patient travail, on arrivait à ce résultat médiocre. Moi, je serais Patrick Sébastien, je serais plutôt reconnaissant : en comparaison, même ses imitations ont l’air crédibles.

 

Actuellement,  Sébastien, il présente « le grand cabaret », avec des numéros de jonglage, des tours de magie, de l’acrobatie… Moi, je serais patron de cirque, j’irais déposer le concept fissa, avant que  Patrick Sébastien vienne m’emmerder.

 

 

 

Publié dans TELE

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